En discutant avec quelques-uns de mes lecteurs, j’ai pris conscience d’un problème récurrent rencontré par ceux qui s’intéressent à mes recettes de cosméto maison : les proportions, les pourcentages, les conversions d’unités de mesure, toutes ces petites choses mathématiques nécessaires à la réalisation de recettes, qui me paraissent évidentes parce que je suis dedans depuis longtemps, ne l’est en réalité pas du tout pour tout le monde.
Voilà pourquoi j’ai décidé de rédiger ce petit article, pour tenter de rendre les choses plus claires, concrètes et faciles à appréhender.
Une petite difficulté s’oppose à moi : puisque je suis non-voyante, il me sera compliqué de vous faire des schémas, ce qui est embêtant quand on sait que souvent, une image parle mieux que vingt mots. Bien sûr, je pourrais me faire aider. Seulement, je mets un point d’honneur à ce que mon blog soit accessible à tous. Si je commence à mettre des schémas pour expliquer mes propos, je lèse ceux qui ne pourront pas les voir, et c’est d’autant plus mal venu de ma part que j’en fais moi-même partie. Voilà donc le défi, tout vous expliquer sans illustrations !
C’est parti.
Les unités de mesure
En cosmétique maison, nous avons deux options pour mesurer la quantité d’un ingrédient :
- Le volume, qui se mesure avec un verre graduée, une éprouvette, une seringue, une pipette… Son unité de mesure est le litre (l), et unités apparentées : millilitre (ml), centilitre (cl), etc. Il sera utilisé pour les recettes contenant exclusivement des liquides.
- La masse, qui se mesure avec une balance, de précision pour les petites quantité. Son unité de mesure est le gramme (g) et unités apparentées : milligramme (mg), kilogramme (kg), etc. Dans une recette contenant uniquement des matières sèches (poudres, copeaux), ou des matières liquides et des matières sèches, on utilisera de préférence la masse comme unité de mesure, car on peut tant peser du solide que du liquide.
Note : dans le langage courant, on emploie plus généralement le terme de poids pour désigner la masse. En physique pourtant, ce sont deux termes bien distincts et ce qui se mesure en grammes s’appelle bien la masse.
Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas mesurer des solides en volume ?
Merci à Claire, ma bêta-lectrice, d’avoir soulevé cette question.
La réponse est simple : le volume est l’espace occupé par un corps. Quand on verse un liquide dans un verre gradué, la mesure que l’on lira sur le verre en ml correspond à l’espace occupé par le liquide dans ce verre.
Or, un solide n’est pas fluide (comment ça j’énonce des évidences ?) et ne va donc pas pouvoir se répandre pour occuper tout l’espace dans notre verre gradué. Qu’il s’agisse de copeaux, de grains ou même de poudre, il y aura des interstices, de petits espaces entre les différents éléments, ce qui fait que votre verre gradué ne vous donnera pas le volume du solide, mais un volume correspondant au solide + un certain volume d’air. On n’a donc pas d’autre solution que de le peser.
Conversions
Conversion des unités de mesure (ml, g…)
Il est très important d’être attentif à ne jamais mélanger des unités de mesure qui ne mesurent pas la même chose. Ca semble évident, dit comme ça, mais l’erreur est vite arrivée. On ne peut pas additionner des grammes et des millilitres, par exemple. Si on décide de donner une recette en volumes, il faudra parler en volumes de bout en bout.
Je reviendrai un peu plus tard sur comment on peut malgré tout passer d’une masse à un volume et vice versa.
En attendant, on va déjà comprendre comment, en restant dans les masses ou dans les volumes, on passe d’un ordre de grandeur à un autre.
Ce qu’il faut avant tout bien intégrer, c’est la signification des préfixes (milli, centi et leurs copains). Voici un petit récapitulatif, après,je vous explique concrètement ce que ça veut dire :
- milli : un millième (1/1000
- centi : un centième (1/100)
- Déci : un dixième (1/10)
- Déca : fois dix (×10)
- Hecto : fois cent (×100)
- Kilo : fois mille (×1000)
Il existe même des petits noms pour le millionième, le milliardième, le fois un million et le fois un milliard, mais je pense qu’on n’en aura pas besoin ici.
Quelques explications, maintenant :
1 ml (un millilitre) = un millième de litre (1/1000) : ça signifie que dans un litre, on va avoir 1000 ml – 1 l = 1000 ml.
On peut faire le même calcul avec les centilitres et on obtient : 1 l = 100 cl.
On peut déduire de là que : 1 cl = 10 ml, puisque 10 × 100 = 1000.
De même, 10 cl = 100 ml.
Du coup, si jamais on vous donne une quantité en centilitres et que vous voulez l’obtenir en millilitres… ? Oui, il suffit de la multiplier par 10, puisqu’il y a 10 millilitres dans un centilitre.
Maintenant que vous avez tout compris, si j’ai un conseil, soyez prudent quand vous lisez ou écrivez une recette et n’utilisez qu’une seule unité de mesure. En général, en cosmétique DiY (do it yourself), on utilise les millilitres. En effet, on fabrique généralement des quantités de produit qui vont entre 100 et 200 ml, c’est donc un ordre de grandeur qui convient.
Donc, prenez votre recette et, si jamais le petit malin qui vous l’a donnée a noté certains ingrédients en millilitres et d’autres en centilitres, il vous suffit de convertir et de tout aligner en millilitres en multipliant les centilitres par 10.
On fera exactement pareil avec les grammes, puisque vous l’aurez compris, 1 g (un gramme) = 1000 mg (milligrammes). En général, les mesures dans les recettes de cosmétiques sont données en grammes, le gramme étant plus ou moins l’équivalent en masse du millilitre en volume. Pour comprendre pourquoi on ne peut malgré tout pas convertir dans tous les cas un ml en 1 g, rendez-vous au paragraphe sur la densité.
Le nombre de gouttes
Cette question se pose surtout pour les huiles essentielles. La plupart des recettes d’aromathérapie ou de cosmétiques contenant des huiles essentielles vous en donnent les quantités en gouttes.
Personnellement, cela m’a toujours fait grincer des dents : en fonction de la taille de votre compte-goutte, de la viscosité des huiles essentielles, on peut pratiquement, pour un nombre identique de gouttes, passer du simple au double en terme de volume.
Quoi qu’il en soit, dans la plupart des cas ça n’aura pas beaucoup d’impact, même si vos quantités sont un peu biaisées.
Cependant, si par exemple comme moi vous ne pouvez voir les gouttes, il vous sera utile de savoir comment les convertir en millilitres pour prélever vos huiles à la seringue.
On compte entre 25 gouttes (pour les plus visqueuses) et 35 gouttes (pour les plus fluides) pour faire un millilitre d’huile essentielle. En moyenne, comptez donc 30 gouttes d’HE = 1 ml et vous ne ferez pas d’erreur.
Il ne vous reste plus qu’à maîtriser la règle de trois pour savoir comment convertir à partir de cette base n’importe quel nombre de gouttes en volume ; rassurez-vous, on va y venir.
Si maintenant, vous êtes un puriste et estimez que la seule méthode fiable pour mesurer les huiles essentielles est la balance de précision, sachez d’abord que je vous approuve et ne peux que déplorer qu’il n’existe aucune balance de précision adaptée. Ensuite, eh bien, vous savez combien de gouttes font 1 ml, il ne vous reste qu’à savoir combien pèse 1 ml d’huile essentielle pour convertir votre nombre de gouttes en grammes. Ca s’appelle la densité et c’est le paragraphe qu’on va aborder maintenant.
Densité, équivalence volume/masse
La densité est le rapport entre la masse d’un corps pour un volume donné et la masse de l’eau pour le même volume.
Cette phrase un peu compliquée s’explique très simplement : pour l’eau, 1 ml pèse 1 g. On dit que l’eau a une densité de 1. C’est bien pratique, parce que ça veut dire que si une recette vous demande 100g d’eau, mais que vous n’avez pas de balance, mais seulement une éprouvette, vous saurez immédiatement que 100 g d’eau est équivalent à 100 ml. Ca marche aussi pour les hydrolats, les infusions… Tout ce qui est aqueux !
Seulement voilà : tous les corps n’ont pas la même densité. Pour un volume égal, certains corps sont plus lourds, d’autres plus légers.
Un exemple que tout le monde connaît bien, c’est celui de l’huile. Mettez de l’huile avec de l’eau : l’huile flotte au-dessus de l’eau. La raison ? Elle est plus légère.
1 ml d’huile ne va pas peser 1 g, mais un peu moins.
Par exemple, la densité de l’huile végétale de macadamia est de 0,92. Ca signifie qu’un ml d’HV macadamia pèse 0,92 g.
Vous allez me dire : tu chipotes, sans déconner ; 0,92 ou 1, c’est un peu pareil non ?
Oui, à ce niveau-là, je vous l’accorde, la différence n’est que de 0,08 grammes, c’est ridicule. Seulement, imaginez une recette qui vous demande 100 grammes d’huile. Les 0,08 grammes de différence vont se multiplier par 100. Si vous mettez 100 ml d’huile au lieu de 100 grammes, vous vous retrouverez avec 0,92 × 100 = 92 grammes d’huile, et non pas 100, ce qui nous fait cette fois une différence de 8 grammes.
Conclusion :
Pour l’eau, les hydrolats, les infusions, aucun souci. 1 g = 1 ml, 10 g = 10 ml (ou un cl puisque vous vous souvenez bien sûr que 10 ml = 1 cl), n’importe quelle quantité en grammes sera équivalente en millilitres. Ne vous trompez pas hein, il s’agit bien de grammes et de millilitres.
Pour tous les autres liquides (huiles végétales, huiles essentielles, actifs cosmétiques), il vous faudra chercher la densité du produit (tous les commerçants sont sensés la donner) et vous rappeler que ce chiffre correspond à la masse en grammes d’un millilitre du produit. Pour convertir une masse en volume ou l’inverse, il vous suffira d’appliquer une règle de trois, ou un produit en croix, c’est la même chose, ne vous affolez pas on y vient.
Si vous devez utiliser des ingrédients solides (poudres, copeaux), alors vous ne pouvez pas convertir en volume et vous devez vous contenter de travailler avec la masse.
La règle de trois, votre outil à tout faire
Définition et applications
La règle de trois est un calcul simple qui permet d’obtenir facilement le quatrième terme d’une proportion, quand les trois autres sont connus.
Quelques exemples de cas où vous en aurez besoin en cosmétique maison :
- Vous avez une recette donnée pour une certaine quantité de produit final, avec des quantités précises de chaque ingrédient, et vous voulez faire cette recette pour une autre quantité de produit final. La règle de trois vous permettra de calculer combien il vous faut de chaque ingrédient pour obtenir cette nouvelle quantité de produit.
- On vous donne une quantité en grammes d’un ingrédient dans une recette et vous connaissez sa densité. La règle de trois vous permettra de calculer à combien correspond cette masse en millilitres, donc en volume.
- On vous donne une recette en pourcentages et vous voulez savoir concrètement de quelle quantité de chaque ingrédient vous avez besoin. La règle de trois est encore une fois votre amie.
Concrètement, comment ça fonctionne ?
Dans une proportion, on nous donne toujours la quantité de quelque chose, qu’on appellera A, par rapport à une autre quantité, qu’on appellera B. Par exemple, si on vous dit qu’il vous faut 100 g d’hydrolat pour 150 g de crème, A = 100 et B = 150.
Maintenant, si on fait augmenter ou diminuer B, on appellera ce nouveau nombre B+, ça va forcément faire également augmenter ou diminuer A proportionnellement. Forcément, si au lieu de 150 g de crème, vous voulez en fabriquer 200, la quantité d’hydrolat va augmenter en conséquence.
On se retrouve donc avec 3 nombres connus, A, B et B+, et on cherche à calculer un inconnu, X, qui correspondra à la valeur A+ qui nous manque.
Note : en mathématique, il est plus protocolaire d’appeler mon A+ et mon B+ A prime et B prime, qui s’écrivent A’ et B’, mais les lecteurs d’écran ne lisant pas les apostrophes, j’ai choisi quelque chose qui soit lisible par tous.
La règle de trois, qu’on appelle aussi produit en croix et vous allez vite comprendre pourquoi, est toute simple : on va poser dans un petit tableau de deux cases sur deux nos trois valeurs et notre inconnue.
On va placer sur une même colonne les deux valeurs qui correspondent à la même chose, avec à droite de chaque valeur, la valeur proportionnelle de l’autre chose que l’on veut calculer.
On aura donc sur la première colonne B et B+, puis, à droite de B, A et à droite de B+, notre inconnue.
Ca donne :
B | A |
B+ | X |
Pour mieux visualiser la chose, vous pouvez tracer une croix (un X) au milieu de ce petit tableau, dont chaque extrémité pointera vers l’un des 4 nombres… d’où, produit en croix !
A présent, pour trouver l’inconnue X, il suffit de multiplier ensemble les deux nombres de la diagonale du tableau qui est complète, puis de diviser ce chiffre par le nombre qui se trouve sur la diagonale de l’inconnue.
A × B+ / B = X
Quelques exemples
L’exemple de la quantité d’hydrolat dans la crème
Reprenons l’exemple de notre hydrolat de tout à l’heure : on sait que pour 150 grammes de crème, il nous faut 100 grammes d’hydrolat. Combien faudra-t-il d’hydrolat si on veut faire 200 grammes de crème ?
Mettons ça en tableau. N’hésitez pas au début à donner des noms à vos colonnes pour ne pas vous y perdre.
Quantité de crème à réaliser | Quantité d’hydrolat nécessaire |
---|---|
150 g | 100 g |
200 g | X g |
Description du tableau :
- En haut à gauche, la quantité de crème donnée par la recette de base
- A côté, en haut à droite, la quantité d’hydrolat nécessaire pour cette quantité de crème
- En bas à gauche, la nouvelle quantité de crème que l’on souhaite obtenir
- En bas à droite, le nombre inconnu, la quantité d’hydrolat nécessaire pour cette nouvelle quantité de crème.
On fait donc notre calcul comme expliqué précédemment, on multiplie la diagonale complète et on la divise par le troisième nombre, celui de la diagonale incomplète.
100 × 200 / 150 = 133.
Il nous faudra donc 133 grammes d’hydrolat pour fabriquer 200 grammes de crème.
Deuxième exemple : des gouttes en millilitres, des millilitres en grammes
On dit qu’un exemple est plus parlant qu’un long discours ; avec moi vous avez du bol, vous avez les deux héhé.
Avec cet exemple-ci, on va tant parler de cette affaire de gouttes que rendre concrète cette histoire de densité.
Dans une recette de sérum pour le visage, on nous demande de mettre 18 gouttes d’huile essentielle de lavande vraie. Là où c’est ballot, c’est qu’on a perdu le compte-goutte de notre flacon de lavande et que le seul outil dont on dispose, c’est une balance de précision. Il va donc falloir qu’on calcule combien pèsent 18 gouttes de lavande vraie.
Pour ce faire, j’ai cherché la densité de la lavande vraie sur un site de vente d’huiles essentielles, et j’ai trouvé qu’elle était de 0,89. Si vous avez bien lu mes explications sur la densité, vous avez compris que ça signifie qu’un millilitre de lavande pèse 0,89 grammes.
Cependant, nous n’avons pas un millilitre d’huile essentielle, mais 18 gouttes. Nous allons donc devoir procéder en deux étapes :
- Calculer combien nos 18 gouttes d’huile de lavande font en ml,
- Calculer combien ce volume (exprimé en ml) pèse en grammes.
Etape 1 :
La lavande vraie est une huile essentielle plutôt fluide, je pense qu’on peut appliquer le calcul 30 gouttes = 1 ml. A partir de cette info, on va donc essayer de savoir combien de ml font 18 gouttes.
Les infos qu’on a : 30 gouttes = 1 ml.
L’info qu’on cherche : 18 gouttes = X.
En tableau, ça donne :
30 gt | 1 ml |
18 gt | X ml |
On n’a plus qu’à calculer le produit en croix : 18 × 1 / 30 = 0,6
Conclusion, 18 gouttes d’huile essentielle de lavande font 0,6 ml.
Etape 2 :
On sait que : 1 ml d’HE lavande pèse 0,89 grammes. Avec notre désormais familière règle de trois, on devrait pouvoir facilement calculer combien pèsent 0,6 ml d’huile.
1 ml | 0,89 g |
0,6 ml | X g |
0,6 × 0,89 / 1 = 0,534
Conclusion :
18 gouttes d’huile essentielle de lavande vraie équivalent à 0,534 grammes.
Comme c’est un nombre tout petit et que peut-être, votre balance de précision affiche le poids en milligrammes, et puis comme vous maîtrisez ça super bien, on va convertir ce poids en milligrammes.
On sait que 1 g = 1000 mg.
Il faut donc multiplier le nombre en grammes par 1000 pour l’avoir en milligrammes. Ca nous donne 534 mg.
Les pourcentages
Qu’est-ce que c’est ?
Un pourcentage, ça signifie exactement ce que son nom, « pour cent », veut dire : c’est la proportion de quelque chose par rapport à 100 éléments de même sorte.
Voici un exemple pour comprendre de façon concrète :
Si on vous dit que dans une entreprise, 53% des employés sont des femmes, ça signifie que pour 100 employés, il y aurait 53 femmes.
Evidemment, dans l’entreprise, il n’y a pas 100 employés, mai 287. C’est ça qui embrouille pas mal de gens, si j’ai bien compris, cette obsédante question : pourquoi on ramène à 100, alors que dans la réalité il n’y en a pas 100 ?
Eh bien c’est une convention, tout simplement. 100, parce que ça facilite pas mal de calculs, et que c’est un chiffre assez grand pour avoir une proportion assez précise. Ce qui est intéressant, c’est que comme tout le monde utilise les pourcentages, lorsqu’on vous donne un pourcentage, ça vous donne immédiatement une idée de ce que ça peut représenter.
Si on vous disait : dans cette entreprise, il y a 152 femmes, il vous faudrait réfléchir un petit moment pour vous demander si c’est plus ou moins de la moitié, si c’est une grosse majorité ou une petite majorité… Tandis qu’en ramenant ce chiffre à 100, vous savez tout de suite que 53, c’est un petit peu plus de la moitié, mais très peu.
Par ailleurs, ça permet en un instant de comparer différents cas, même très éloignés l’un de l’autre. Par exemple, si on vous présente une seconde entreprise, qui elle compte 3540 employés, et qu’on vous dit qu’elle n’a que 51% de femmes, vous n’avez besoin d’aucun calcul pour savoir que proportionnellement au nombre total d’employés, elle emploie moins de femmes que la première.
A noter qu’il n’y a absolument aucune démarche féministe dans mon exemple !
C’est exactement comme les notes sur 20, à l’école, alors qu’il n’y a pas forcément 20 questions, dans le devoir. Mais par convention, on note sur 20, parce que quand un élève, d’où qu’il vienne, a 15 de moyenne, ça donne instantanément une idée précise de son niveau.
Dans les recettes cosmétiques, l’intérêt des pourcentages va être de donner une recette générique pour 100 grammes, ou 100 ml, selon les cas, que vous n’aurez plus qu’à adapter à la quantité que vous voulez faire avec une petite règle de trois.
La recette ainsi exprimée signifiera que pour 100 grammes de produit fini, il vous faut x% de l’ingrédient 1, x% de l’ingrédient 2, ainsi de suite, la somme de ces pourcentages devant évidemment atteindre 100, c’est-à-dire la quantité totale.
Si vous savez combien il vous faut d’un ingrédient donné pour 100 grammes de produit fini et que vous voulez, par exemple, connaître la quantité de cet ingrédient pour obtenir 120 grammes de produit fini, vous reconnaissez bien qu’on se retrouve dans la configuration où on peut appliquer notre règle de trois : trois proportions connues et une inconnue
Comme je l’expliquais, la seule difficulté est que l’on ne peut pas dans ce cas mélanger des grammes et des millilitres, parce que selon la densité des ingrédients, leur quantité en grammes et en millilitres peut être un peu différente. Il faudra donc tout exprimer dans la même unité.
Un dernier exemple, que l’on rencontre souvent quand on s’intéresse à l’aromathérapie :
On nous dit par exemple que telle huile essentielle est à diluer à 10% dans une huile végétale. Concrètement, ça signifiera que pour 100 ml d’huile de soin, il faudra mettre 10 ml d’huile essentielle, et 90 ml d’huile végétale.
Et si vous voulez faire une autre quantité que 100 ml, une petite règle de trois comme dans l’exercice ci-après et vous saurez exactement combien mettre d’huile essentielle.
Exercice
Le plus simple est de comprendre le principe avec un exemple.
Je vous propose une recette simple de spray capillaire :
- Lait d’avoine : 35%,
- Hydrolat de bambou : 35%,
- Infusion de guimauve : 20%,
- Gel d’aloe vera : 10%.
Tous ces ingrédients sont des phases aqueuses, on va donc pouvoir les mesurer avec un bécher ou une seringue, donc les exprimer en volumes.
Si vous m’avez bien suivie, vous avez compris que les nombres exprimés en % dans cette recette correspondent à la quantité de chaque ingrédient nécessaire pour composer 100 ml de spray capillaire.
Seulement voilà, nous, on a un flacon de 250 ml et on aimerait le remplir en entier. On va donc calculer, pour chaque ingrédient, combien il en faut non plus pour 100 ml, mais pour 250.
Commençons par l’infusion de guimauve : on sait que pour 100 ml, il en faut 20 ml. Pour 250 ml, il en faudra donc X ml, ce X étant l’inconnue à trouver grâce à notre fabuleuse règle de trois.
100 ml | 20 ml |
250 ml | X ml |
250 × 20 / 100 = 50
Donc, si on prépare 250 ml de spray, il nous faut 50 ml d’infusion de guimauve.
Allons-y pour l’hydrolat de bambou et le lait d’avoine, puisqu’il en faut la même quantité, 35%. Cette fois, je ne pose pas le tableau, en regardant le calcul juste au-dessus je comprends facilement quelle est la valeur à changer. Mais vous pouvez refaire le petit tableau pour vous entraîner hein.
250 × 35 / 100 = 87,5
Donc, pour 250 ml de spray, 87,5 ml de bambou et 87,5 ml de lait d’avoine.
Je vous laisse chercher seuls pour le gel d’aloe vera.
Petite astuce : Une fois que vous avez calculé toutes vos quantités, si vous les additionnez, vous devez obtenir 250, puisque c’est la quantité totale. Si vous tombez sur un autre nombre, c’est que vous vous êtes plantés, il n’y a plus qu’à recommencer !
Epilogue
Bon, hum… Cet article était hyper long, pas très rigolo, hyper dense et je pense, pas facile à digérer pour certains d’entre vous. Surtout, n’hésitez pas à me poser vos questions, à pointer du doigt les points qui ne sont pas clairs, qui mériteraient que je les explique autrement.
J’espère néanmoins que ça vous aura permis de vous y retrouver un peu mieux dans toutes ces histoires d’équivalences, de proportions, d’unités de mesure, de pourcentages… parce que ce serait dommage que ce soient juste quelques chiffres qui vous bloquent dans la réalisation de vos produits maison !
Si vous faites du DiY, ces articles pourraient vous intéresser :
- Quelques trucs et astuces d’une non-voyante pour prélever, mesurer les différents ingrédients, qui pourraient bien servir à tout le monde
- Si vous êtes vapoteur et souhaitez fabriquer vos e-liquides DiY, un article plus spécifique sur le dosage des arômes
10 commentaires
Super article qui m’a aider à comprendre beaucoup de chose
Y a plu cas s exercer merci beaucoup
Avec grand plaisir !
OUFFF!!! C’était long à lire, mais tellement instructif. Je commence à m’aventurer dans le slow cosmétique, mais sans les SCI donc je suis tombé sur ta recette de shampoing liquide variable à souhait. Je dois t’avouer que la vu des % m’on laisser perplexe, mais avec cette article sa devient très banal finalement. Merci beaucoup pour ce temps et sérieusement tu fais un très beau travail. J’ADORE!!!
SAlut !
Merci beaucoup pour ce commentaire super encourageant pour moi et qui me colle un grand sourire un peu niais sur le visage. Bof, la niaiserie, si ça tuait, ça se saurait !
Merci à toi et je suis vraiment ravie si mon article a pu t’être utile et t’éclairer. C’est génial.
Au plaisir de te lire !
Bonjour,
C’est en lisant votre article, intéressant (bien que difficile à digérer, oui, mais tellement utile) que j’apprends que vous êtes non-voyante! Je suis d’autant plus touchée par tout le travail que vous avez fourni! Un grand merci! Cet article (je nage encore dans les pourcentages) va bien m’aider. Là où j’ai quand même encore particulièrement du mal, c’est quand le pourcentage est en-dessous de zéro, exemple : 0,6% pour un Conservateur. Comment procède-t-on dans ce cas-là ?! Merci! Je vais me pencher maintenant sur votre recette de shampoing! J’en ai vu quelques-unes ici et là mais aucune ne m’a paru suffisamment « sympa » pour m’y risquer! Bonne et agréable journée!
Re !
Eh bien de rien ! Je suis moi aussi touchée par votre message ! Le fait de ne pas voir m’a encore plus poussée à partager mes expériences. Je me dis que c’est peut-être aussi un encouragement pour certains, si j’y arrive, tout le monde peut y arriver !
Ah oui cet article est un peu barbare, j’en conviens ! Il ne faut pas essayer de l’ingurgiter d’un coup mais s’y référer en cas de besoin sinon c’est un truc à devenir cinglé.
Alors, pour les pourcentages en-dessous de 1, on procède exactement comme pour les autres. Quand il faut 0,6 % de conservateur, ça signifie que pour 100 ml de produit, on mettra 0,6 ml de conservateur. Ou pour 100 grammes, 0,6 grammes. Avec une balance de précision, on a les grammages décimaux sans problème. Si jamais ils sont donnés en milligrammes (mg), alors sachant qu’un gramme = 1000 mg, 0,6 grammes = 600 mg.
Si vous utilisez des seringues, les petites sont généralement graduées tous les 0,1 ml, donc, 0,6 ml est aussi facile à repérer.
J’espère que ça répond à la question, sinon, n’hésitez pas ! :)
Merci encore! Je n’utilise pas les seringues ; le plus souvent, j’utilise une balance de précision. Pour le conservateur, je « triche » : j’ai vu le nombre de gouttes préconisé dans des recettes de 150 ou 200 ml… Comme j’utilise toujours le même conservateur, je n’ai plus qu’à compter les gouttes en fonction de la quantité finale de mon produit. Si je comprends bien, par exemple pour un produit fini de 200 g, il faudra 0,12 g de conservateur ? Et pour 250 g de produit fini, il faudrait 0,15 g ? Calculs de tête… juste pour être sûre que j’ai bien compris (sourire).
C’est tout à fait ça.
A noter que sur un site comme Aroma-Zone, que je ne recommande pas trop pour les produits mais beaucoup pour les fiches, il y a systématiquement l’équivalence gouttes / ml. Et ce pour de nombreux produits. Ca peut parfois servir.
Dans l’ensemble, il me semble que les produits proposés par Aroma-Zone sont plutôt bien, non ? Ce qui a changé, c' »est qu’ils sont victimes de leur succès. Avant, ils répondaient aux questions, ils donnaient des conseils… Maintenant, j’ai l’impression que c’est vendre qui les intéresse. Il y a certains produits que j’évite (BTMS) mais certains que j’utilise beaucoup (olivem 1000, cire émulsifiante, la 2 et la 3 ; beurre de karité; huiles végétales, hydrolats, quelques huiles essentielles (pas toutes)… Je serais curieuse de savoir pourquoi vous ne recommandez pas trop leurs produits. Merci encore pour votre réponse! Bonne et douce soirée!
Bonjour !
C’est un ensemble de problématiques. La qualité des produits est effectivement correcte, sans être extraordinaire, elle a le mérite de respecter un cahier des charges assez précis et, au moins, on sait qu’on a certaines garanties.
Cependant, victimes effectivement de leur succès, ils sont obligés d’être approvisionnés en très grandes quantités. Or, plus on doit produire, moins on peut se permettre d’être regardant sur la qualité du produit. On n’est plus sur le petit producteur local qui distille les plantes de ses champs, mais sur de grosses productions qui, pour tenir la cadence, doivent faire l’impasse sur certains critères éthiques, écologiques ou de qualité et personnellement, ça me contrarie un peu. Les prix proposés par Aroma-Zone contribuent à renforcer cet argument. Même si leur réponse à cette question est qu’ils peuvent proposer ces prix justement parce qu’ils achètent en très grosses quantités, c’est justement une réponse qui ne va pas dans le sens d’une stricte exigence de qualité et d’éthique des producteurs, ni d’une stricte exigence sur les circuits courts, le soutien aux petits agriculteurs, etc.
Indépendamment de toute considération éthique ou politique, ouvrez une huile essentielle Aroma-Zone et la même issue de vendeurs ou directement de producteurs plus scrupuleux et sentez simplement l’odeur. Croyez-moi, dans la plupart des cas, vous ne pourrez plus revenir à la première lorsque vous aurez reniflé la seconde. C’est peut-être encore plus fragrant avec les hydrolats. Quelle est l’explication exacte de ce phénomène, je n’en sais rien, mais il est évident que la pureté et la qualité du produit sont forcément en question dans l’affaire. Perso, c’est ça qui m’a définitivement convaincue.
Il y a effectivement, comme vous l’avez tout à fait bien souligné, l’aspect humain, qui laisse fortement à désirer. Forcément, en grandissant trop vite, aucune considération ne peut plus être accordée à l’accueil du client, il n’y a ni le budget ni le temps pour ça, et pour moi, ce sont des valeurs essentielles que je refuse de voir piétinées. C’est inutile de vouloir se rapprocher de la nature si c’est pour ne pas se rapprocher aussi des autres.
Enfin, et peut-être surtout, c’est la politique d’AZ qui me pose véritablement souci. Je suis une fervante partisane de la slow cosmétique, faire mieux, plus sain, écologique, mais avec moins, de façon plus raisonnable. Quand je vois le nombre d’articles en vente chez AZ, les centaines de recettes sur leur site qui poussent à acheter chacune une fragrance différente, trois huiles végétales différentes, etc, quand je vois qu’on me propose 10 émulsifiants différents quand un seul suffit, j’estime qu’on est face à une enseigne qui surfe sur la vague du naturel tout en s’inscrivant très clairement dans la grande distribution, encourageant les achats multiples et la surconsommation.
Voilà, en gros, ce qui me pose problème chez Aroma-Zone. Ceci étant, je ne rejette pas la démarche initiale, loin de là, et certaines réflexions et propositions, notamment sur les contenants, méritent qu’on s’y intéresse.
Mais je n’achète plus mes matières premières chez eux, parce que tout simplement elles ne me satisfont pas du tout.