Comme vous le savez peut-être, les gels antibactériens sont de plus en plus décriés par la sphère médicale et scientifique (du moins la partie de la sphère qui n’a aucun intérêt financier dans leur commercialisation).
On leur reproche particulièrement de contenir du triclosan et ou du triclocarban, deux substances bactéricides qui paraissent de plus en plus inquiétantes à mesure que leurs effets à long terme sont étudiés : perturbateurs endocriniens, allergènes, cancérigènes, irritants, diminuent la production de spermatozoïdes, accroissent la résistance à certains antibiotiques et attaquent les muscles et certains organes. Très réjouissant ma foi !
Les gels hydroalcooliques du commerce seraient également soupçonnés de favoriser l’absorption par la peau du bisphénol A, un autre mignon perturbateur endocrinien et cancérigène qui fait beaucoup parler de lui ces derniers temps, que l’on retrouve notament dans de nombreux emballages plastiques et notamment responsable d’infertilité et de fausses couches.
Face à ce festival de bonnes nouvelles, je me suis dit qu’il serait tout de même intéressant de pouvoir se fabriquer un gel antibactérien maison, totalement sain, avec peu d’ingrédients, facile à réaliser.
Bref, quelque chose de rapide et d’efficace, qui prenne vraiment soin de nos mimines.
Quelques rappels
Le gel hydroalcoolique ne lave pas les mains.
Une solution hydroalcoolique, le sha, comme on disait au boulot quand je travaillais en clinique, tue les bactéries, mais ne retire ni lesdites bactéries, ni les autres impuretés de vos mains.
Sur plusieurs parapharmacies en ligne, j’ai pu lire ceci comme description des différents gels antibactériens : lave les mains en moins de 30 secondes.
C’est faux ! Désinfecte, oui, mais ne lave pas.
Si vous voulez vous laver les mains, il n’y a qu’une seule méthode : il faut… vous laver les mains ! Comment ça, je vous prend pour des débiles ? Mais pas du tout. Pour retirer les saletés de vos mains, il faut les passer sous l’eau, avec un peu de savon. Pensez-y !
Vouloir tuer à tout prix toutes les bactéries n’est pas forcément une bonne solution
Eh oui. Il y a un tas de bactéries sur nos mains, certaines plus méchantes que d’autres. Je vous accorde que celles de la grippe, par exemple, on veut bien les zigouiller. Le souci, c’est que d’autres bactéries ont un effet positif sur notre système immunitaire. Trop aseptiser un milieu affaiblit le système immunitaire, qui, pour vulgariser simplement, ne peut plus s’exercer et se trouve bien plus démuni et beaucoup moins efficace face à une véritable agression.
Un enfant qui met les mains par terre, qui met les doigts à la bouche, ça ne paraît pas très propre, mais ça lui permet aussi de construire un système immunitaire efficace. Vouloir la propreté à l’excès n’est pas toujours une bonne idée.
L’autre problème, c’est que plus on trucide les bactéries, plus celles-ci vont s’adapter pour devenir résistantes à nos produits de trucidage. C’est notamment le souci que l’on rencontre dans les hôpitaux avec les maladies nosocomiales, très difficiles à soigner ; il s’agit de bactéries qui ont su évoluer pour résister à tous les produits désinfectants utilisés dans les hôpitaux, autant vous dire que la bestiole est incroyablement coriace.
Il me semblerait pertinent de ne pas reproduire cette erreur dans notre environnement quotidien.
Conclusion
Un gel antibactérien, même très naturel, doit être utilisé avec discernement. Je vous conseille de le considérer comme une solution ponctuelle de secours, quand vous n’avez pas de quoi vous laver les mains, quand vraiment vous avez touché les barres des transports en commun ou serré de nombreuses mains en période de grippe. Mais en aucun cas il ne doit être votre moyen privilégié de vous laver les mains avant chaque repas, après chaque voyage en transports en commun, bref, malgré son côté extrêmement pratique, gardez-le pour un usage vraiment exceptionnel.
Ma recette
Ma recette maison est toute simple : moitié alcool, moitié gel d’aloe vera (pour le côté gel et surtout pour l’hydratation des mains et compenser l’effet asséchant de l’alcool), et j’ajoute 2% d’huiles essentielles antibactériennes et antifongiques.
Pour 100 ml de gel :
- 49 ml d’alcool,
- 49 ml de gel d’aloe vera,
- 2 ml (soit 60 gouttes) d’huile essentielles.
Liste des huiles essentielles antibactériennes et antifongiques que vous pouvez utiliser
- Arbre à thé (tea tree),
- Bois de rose ou de hô,
- Eucalyptus radié,
- Géranium bourbon,
- Laurier noble,
- Lavande aspic,
- Palmarosa,
- Thym à linalole ou à thujanol.
Note : je vous conseille de choisir deux huiles essentielles parmi cette liste et de mettre 1 ml (30 gouttes) de chaque, cela vous permettra de cibler un plus large spectre de bactéries, microbes et champignons.
Choisissez aussi en fonction de l’odeur, vous allez quand même devoir la supporter un petit moment sur vos mains.
Personnellement, j’ai choisi lavande géranium, en plus d’être pour mon nez un mariage très heureux, c’est un bon équilibre entre molécules antibactériennes et antifongiques.
Mode opératoire
- Dans un récipient, mettez l’alcool et les huiles essentielles.
- Dans un autre récipient, mettez le gel d’aloe vera.
- Transvasez très très progressivement l’alcool dans le gel, et surtout pas l’inverse, et fouettez vigoureusement avant chaque ajout.
Vous devez obtenir un gel homogène, de couleur jaune orangée.
Allez-y vraiment doucement quand vous versez l’alcool dans le gel d’aloé. Il se produit en effet un phénomène très étrange quand le gel d’aloe vera entre en contact avec l’alcool : il précipite, formant des filaments gluants tout à fait répugnants. Si donc vous allez trop vite, vous risquez de provoquer le phénomène. Ca n’a rien de nocif, cependant c’est vraiment peu ragoûtant et puis toute la substance gluante que vous devrez retirer de votre gel sera du produit perdu.
Je n’ai pu trouver aucune information sur ce qui provoque le phénomène, et j’ai beaucoup cherché. Est-ce lié aux gélifiants (gomme xantane ou autre) contenus dans le gel d’aloe vera ? Aucune idée.
J’ai testé avec deux gels, celui de la marque Bioflore et celui de la marque Slow Cosmétique (je préfère ce dernier car le flacon est facile à ouvrir pour prélever le gel) et j’ai eu le même souci.
Quel alcool utiliser ?
Vous pouvez parfaitement utiliser de l’alcool à 70% vendu en pharmacie. Cependant, l’alcool utilisé pour sa fabrication est rarement d’origine végétale et certains des dénaturants utilisés sont controversés, même si ceci est davantage vrai en parfumerie.
Vous pouvez très bien utiliser tout simplement une vodka non odorante, cependant les vodkas du commerce dépassent rarement 45° d’alcool, ce qui est problématique car l’alcool contribue largement au pouvoir bactéricide de notre solution hydroalcoolique.
Pour ma part, j’ai choisi d’utiliser la base parfum vendue par Aroma-Zone.
Eh oui, vous connaissez mon opinion sur l’enseigne Aroma-Zone, mais comme je l’explique dans ce fameux article, une critique ne signifie pas pour autant que tout est mauvais chez eux.
Cette base parfum est composée à 95% d’alcool d’origine végétale et biologique, dénaturé sans phtalates ni glycols, avec del’alcool isopropylique et du bitrex, des molécules acceptées par Ecocert.
C’est la meilleure alternative que j’ai trouvée pour un alcool très concentré, écologique et inodore.
Quel contenant ?
Ca, c’est l’éternelle question. Pour l’instant j’utilise le petit flacon en plastique de la dernière solution hydroalcoolique que j’ai achetée dans le commerce, réutiliser les contenants c’est encore la meilleure façon d’être zéro déchet. Cependant j’ignore totalement la composition de ce plastique et ça serait pas mal que je puisse être certaine que je ne m’absous pas de perturbateurs endocriniens d’une part pour continuer à en récupérer d’une autre.
Mais trouver un petit flacon, léger, sain et écologique, ça n’est pas évident.
Je laisse donc la question ouverte…