La TPD, ce sont les directives européennes sur les produits du tabac (Tobbaco Products Directive). Si elle a beaucoup fait parler d’elle en 2016 lors de l’application de sa nouvelle version, c’est parce qu’elle introduisait un certain nombre de réglementations au sujet de la cigarette électronique (composition des liquides, taux maximum de nicotine autorisé, taille des réservoirs, interdiction de faire de la publicité, etc.). Il faut cependant savoir que la première réglementation européenne au sujet des produits du tabac est parue en 1989, ce projet n’est donc pas tout neuf, même s’il n’incluait bien sûr pas les produits du vapotage à l’époque. Je vous invite à lire cet article du blog Vaping Post pour en savoir davantage sur la TPD en elle-même.
Je vous ai déjà expliqué, très peu de temps après la création de ce blog, pourquoi le sujet de la cigarette électronique me tenait à cœur. C’est une question de santé publique importante et la santé fait partie des sujets auxquels j’accorde une grande place sur Dimension Flo. Si aujourd’hui j’ai choisi d’écrire quelques mots sur certains des points de réglementation de la nouvelle version de la TPD, c’est parce que je trouve qu’elle comporte des incohérences et des absurdités qui méritent que l’on s’interroge, même quand on n’est ni fumeur, ni vapoteur comme c’est mon cas, car il s’agit de questions politiques, sanitaires et écologiques plus grandes qu’une simple histoire d’addiction au tabac.
Produits du tabac ?
La toute première chose qui m’interroge, c’est la classification des e-liquides dans les produits du tabac. Mais enfin, Flo, me répondez-vous en me regardant comme si j’étais une demeurée, c’est parce qu’ils contiennent de la nicotine. Tout à fait. Mais ils ne contiennent pas de tabac ; or le tabac contient bien d’autres molécules que la nicotine, sans parler des cigarettes elles-mêmes, remplies d’additifs plus ou moins sains. Si la nicotine est en partie responsable de la dépendance, dépendance qui existera donc aussi avec la cigarette électronique, elle ne représente pas plus de danger pour la santé que la caféine. La caféine aussi est un excitant et, c’est aujourd’hui prouvé, provoque une réaction de dépendance. Ce n’est donc pas la nicotine en elle-même qui est en cause dans les préoccupations sanitaires, sinon pour l’accoutumance qu’elle provoque.
Autre point important : les e-liquides ne se fument pas, ils se vaporisent. Or, la combustion et les transformations moléculaires qu’elle provoque est l’un des principaux dangers liés au tabac. L’e-cigarette chauffe, mais ne brûle pas et épargne donc déjà aux poumons toute la pollution liée à la combustion.
Enfin, contrairement à la cigarette, il n’existe pas de vapotage passif. Pas du tout. Donc au pire, si mal il y a, le vapoteur ne le fait subir qu’à lui-même.
Ce que j’essaie de vous dire, c’est que si nous n’avons pas de vision à très long terme des effets de la vape sur la santé et donc qu’un doute peut subsister quant à l’innocuité de certaines molécules contenues dans les arômes utilisés dans les e-liquides, nous avons cependant une certitude absolue : le vapotage est beaucoup moins dangereux pour la santé que la cigarette, jusqu’à 95 fois moins d’après certaines études. Il me semble donc un peu étrange de réglementer sur un pied d’égalité le tabac et la vape.
Vous pouvez retrouver les différentes sources sur lesquelles je m’appuie ici dans mon premier article au sujet de l’e-cig.
Les craintes liée à la cigarette électronique
Il semble donc, si l’on se fie aux informations que je vous ai données ci-dessus, que la vapote pourrait constituer un substitut nicotinique particulièrement intéressant, car il propose un apport en nicotine libéré des principaux dangers pour la santé liés à la fumée de cigarette, et qu’en plus de l’apport en nicotine, il répond à d’autres dépendances du fumeur, contrairement aux patchs nicotinés : la dépendance du geste, mais aussi la sensation de heat (cette sorte de brûlure dans la gorge qu’apprécie le fumeur).
Cependant, certains s’inquiètent de savoir si la cigarette électronique contribue bien à la lutte contre le tabagisme ou si, au contraire, elle ne risque pas d’entraîner vers la vape des personnes qui n’auraient jamais touché à une cigarette. La question est particulièrement sensible en ce qui concerne les jeunes. L’Europe, et la France en particulier, se montrent frileuses sur le sujet et avares de véritables recherches, malgré les quelques études qui tendent à apporter à ces questions des réponses tout à fait rassurantes. Heureusement, nos voisins les anglais font preuve d’un peu plus d’ouverture d’esprit et publient une fois par an un rapport public au sujet du vapotage. Le dernier en date, celui de 2020, montre d’une part que non seulement la cigarette électronique est un substitut nicotinique efficace et fait baisser le taux de fumeurs, mais aussi que c’est le plus efficace de ceux à disposition dans le pays, avec un taux de réussite particulièrement élevé. Par ailleurs, il met en évidence le fait que non seulement il ne fait pas augmenter le nombre de jeunes qui se mettent à fumer ou vapoter, mais qu’il permet à de nombreux jeunes fumeurs de renoncer à la cigarette pour l’e-cig. C’est donc une arme de lutte contre le tabagisme tout à fait efficace qui, si elle fait augmenter le nombre de vapoteur au détriment de celui des fumeurs, ne fait pas augmenter le nombre total de ces personnes.
Vous trouverez plus d’informations sur ce rapport britannique sur le blog Vapyou.
Les restrictions assez drastiques imposées aux vapoteurs et aux fabricants par la TPD questionnent donc sur les objectifs européens en terme de santé publique. Un durcissement des mesures lors de la prochaine version de la TPD prévue pour 2021 ne peut que nous inquiéter davantage et, sans entrer dans une quelconque théorie du complot, nous poser question quant aux réels intérêts des décisionnaires : sanitaires ou financiers ? Un article du blog de Nicovip au sujet de la TPD 2021 met bien en évidence ces questionnements.
Je souhaite apporter ici une réponse à une autre remarque qui ressort très souvent depuis quelque temps lorsque le sujet de la vape est évoqué dans mon entourage. Beaucoup, même parmi les plutôt convaincus au départ, ont été profondément ébranlés par les décès qui sont survenus aux USA en 2019, décès liés à des complications pulmonaires que le matraquage médiatique s’est fait un plaisir d’attribuer à l’utilisation de cigarettes électroniques sans approfondir la question.
Une étude a finalement établi avec certitude que ces décès étaient liés à la présence d’acétate de vitamine E dans les poumons de ces personnes. Cette molécule n’est jamais présente dans les e-liquides du commerce. Il s’agit d’un liquide visqueux utilisé dans des produits vendus au marché noir, contenant du THC, pour couper les liquides et donc se faire une plus grande marge sur leur vente. Voici un article du Figaro qui atteste de mes dires, histoire de vous convaincre que je ne récupère pas toutes mes infos sur des blogs alternatifs.
Il apparaît donc que ce n’est pas en consommant dans la légalité que ces personnes se sont rendues malades. Et, plutôt que de m’inquiéter au sujet du vapotage en lui-même, cela soulève pour moi une inquiétude au sujet des restrictions drastiques que l’Europe voudrait imposer aux vapoteurs et aux fabricants en 2021 : si les tarifs deviennent trop prohibitifs et les restrictions trop contraignantes, soit les vapoteurs vont retourner à la cigarette, donc se mettre en danger, soit ils vont encore davantage se tourner vers le marché noir, donc là aussi, potentiellement se mettre en danger.
La limitation des contenants à 10 millilitres pour les produits contenant de la nicotine
C’est de ce dernier point que j’avais particulièrement envie de vous causer aujourd’hui. Parmi les réglementations de la TPD de 2016, il y a cette règle : tous les liquides contenant de la nicotine, qu’il s’agisse d’e-liquides ou de base, doivent être dans des contenants n’excédant pas 10 millilitres. Par ailleurs, le taux de nicotine maximal dans un liquide est fixé à 20 mg/ml.
Pour ceux qui ne connaissent pas du tout le principe des e-liquides, un e-liquide est composé d’une base, nicotinée ou non, elle-même constituée de propylène glycol (PG) et de glycérine végétale (VG), et d’un assemblage d’arômes. On peut acheter des e-liquides tout prêts, ou acheter de la base et des mélanges d’arômes concentrés, ce qui permet de doser les arômes et de choisir son ratio propylène glycol / glycérine selon ses goûts, ou encore acheter de la base PG/VG et créer soi-même son mélange d’arômes.
Vous le savez, l’autre sujet auquel je m’intéresse sur le blog, en plus de la santé, est celui de l’environnement. Or, il faut savoir que tous les flacons possédant le pictogramme de danger/nocivité ne seront pas recyclés, et que ce pictogramme est obligatoire depuis les nouvelles réglementations sur tous les flacons ayant contenu des produits nicotinés. Ces flacons, pourtant pratiquement tous conçus en plastique recyclable, ne seront donc pas recyclés. L’Europe, qui est sensée réfléchir à un programme de transition écologique et de protection de l’environnement, rédige parallèlement à cela des directives qui vont profondément à l’encontre de tout bon sens écologique, vous allez voir à quel point.
Si vous êtes dans le premier cas, celui où vous achetez vos e-liquides tout prêts, que vous vapiez avec un taux de 3 ou de 16 mg, votre sort est le même : vous devez acheter vos petites fioles de 10 millilitres. Sachant qu’un gros vapoteur vapotera 5 ml par jour, il lui faudra compter à peu près 15 fioles de 10 ml pour un mois. Cela ne semble pas énorme individuellement, mais pensez à ce que cela représente sur une année, avec des milliers de vapoteurs.
Cette photo fait un peu peur, n’est-ce pas ? En tout cas, quand je dois brasser tous ces flacons, moi, ça m’angoisse profondément et je me sens vertigineusement coupable. Pourtant, je gage que fabriquer ses liquides reste un peu plus écologique malgré tout, car seuls les boosters sont utilisés en quantité, je réutilise ensuite toujours les mêmes flacons pour préparer les liquides de monsieur Flo.
Je vous explique : dans le cas où l’on fabrique soi-même ses liquides, on a besoin d’acheter une base PG/VG contenant un certain taux de nicotine. Avant la TPD, on achetait cette base par bidon d’un litre. C’était économique et écologique, un litre de base durant au moins six mois.
Or, depuis la TPD de 2016, on ne peut plus acheter de produits nicotinés que par flacons de 10 ml. Cela voudrait dire qu’il faudrait 100 flacons pour obtenir la quantité qui avant, était rassemblée en un seul et unique flacon, certes un peu plus gros, mais représentant au final une masse incommensurablement moins importante que la masse de plastique des 100 flacons de 10 ml. Les fabricants ont donc eu l’idée ingénieuse de proposer d’acheter une certaine quantité de base non nicotinée et d’y ajouter un nombre de boosters de nicotine pour obtenir le taux souhaité, ces boosters étant des flacons de 10 ml avec le taux de nicotine le plus élevé autorisé, soit 20 mg. Cela signifie que, si vous vapez avec un taux de 12 mg, vous avez besoin de 60 boosters pour obtenir un litre de base avec votre taux de nicotine. C’est une certaine amélioration, certes, mais que je trouve extrêmement insatisfaisante. Sur la photo, je vous montre la montagne de boosters nécessaires pour fabriquer un litre de base à monsieur Flo, qui vape à 9 mg de nicotine, soit 45 petits flacons. Je me rassure en me disant qu’avec cette monstrueuse quantité de plastique gaspillé et non recyclé, j’en ai au moins pour six mois, mais la consolation est maigre.
La principale raison, et la seule à ma connaissance, mise en avant pour justifier ce choix de restreindre la taille des flacons contenant de la nicotine, est le danger que ces produits représentent pour les enfants. Etonnamment, on ne restreint pas la taille des flacons d’eau de Javel à 10 ml, pourtant croyez-moi, si un enfant consomme une gorgée de javel ou une gorgée d’e-liquide à 12 mg, c’est la première qui aura les conséquences les plus dramatiques sur sa santé.
Attention : je ne suis pas en train de dédramatiser les risques liés à l’absorption de nicotine. Comme tout produit qui n’est pas fait pour être ingéré, les produits nicotinés doivent être conservés hors de la portée des enfants. C’est une règle de base, qui vaut pour les produits d’entretien, mais aussi les alcools ou encore les cosmétiques. Aucun de ces produits ne fait pourtant l’objet de restrictions aussi drastiques, quand certains sont pourtant beaucoup plus dangereux pour la santé.
Sachant qu’un produit nicotiné pique, brûle la gorge et est particulièrement désagréable à ingérer, malgré le goût attrayant des arômes, si un enfant en ingère par accident, il n’en consommera pas une grande quantité. Du coup, j’ai envie de vous poser une question : qu’est-ce qui sera plus dangereux pour lui, boire une gorgée de base nicotinée dosée à 9 mg de nicotine, ou boire une gorgée d’un booster dosé à 20 mg de nicotine ? La réponse est facile à deviner. Pourtant, en interdisant les grosses quantités de base nicotinée, les directives européennes poussent à l’achat de boosters pour fabriquer sa base, petits flacons qui seront à la fois plus nombreux, donc plus difficiles à dissimuler, et plus concentrés, donc plus dangereux.
Pour moi, l’argument de la protection des enfants ne tient donc absolument pas la route, de n’importe quelle façon qu’on le tourne. En revanche, le drame environnemental que représentent ces milliers de flacons non recyclés, lui, est bien réel.
De toute façon, à la fin, tous ces boosters servent à créer un grand contenant de base, parfaitement identique à celui que l’on pouvait acheter avant la TPD. Donc, on se retrouve in fine avec un flacon de un litre parfaitement identique, en étant passé au préalable par l’étape des boosters, qui d’une part est une calamité écologique, d’autre part représente un danger supplémentaire pour les enfants qui risqueront de tomber sur ces flacons de booster bien plus concentrés et donc dangereux que le liquide final. Je ne parviens donc pas à comprendre la logique de cette réglementation.
En conclusion
Réglementer la fabrication du matériel et des liquides relatifs à la vape, c’est absolument indispensable, autant qu’il l’est de réglementer ce que les fabricants peuvent mettre dans la nourriture ou dans les cosmétiques. Je ne souhaite surtout pas polémiquer sur ce point. On se rend bien compte des dérives et des risques si on n’encadre pas ce type de produits, car tout devient possible et on se confronte très vite à des dangers comme ceux qu’ont connu les acheteurs américains qui se sont fournis au marché noir.
En France, nous avons la chance que tous les e-liquides commercialisés répondent à un processus de mise en conformité qui permet de s’assurer de la composition exacte des produits et de toutes les molécules potentiellement irritantes ou allergènes que l’on peut retrouver et dans les liquides, et dans la vapeur qu’ils produisent. Ces documents sont accessibles sur demande à tous et à tout moment et c’est une très bonne chose.
Ce qui m’inquiète et m’interroge, c’est de constater que la plupart des points de cette réglementation ne semblent pas répondre à une logique sanitaire ou sécuritaire, mais davantage à un désir de limitation et de frein à la pratique du vapotage. Plus inquiétant encore, on est en droit de se demander s’il n’existe pas des intérêts moins glorieux mais plus puissants que la santé publique sous ces directives. Si l’industrie du tabac est elle aussi impactée par la TPD, on peut se demander à quel point elle n’a pas elle aussi d’intérêts dans la limitation du vapotage et à quel point l’un des lobbyings les plus puissants que l’on connaisse n’a pas plus d’influence sur les décisions politiques que l’objectif sanitaire. Sans cela, comment expliquer la raison pour laquelle les décisionnaires de ces directives européennes choisissent de se focaliser sur un nombre extrêmement réduit d’études et de chiffres quand de nombreuses autres qui prouvent le contraire sont systématiquement ignorées ?
Je vous laisse avec cet article très bien fait de Vaping Post, que vous pourrez estimer orienté mais qui se base sur des sources solides, qui nous en dit un peu plus sur l’influence des lobbies du tabac et qui fait, je trouve, assez froid dans le dos.
Quand on sait que le lobbying existe aussi très fortement dans la sphère pharmaceutique ou encore celle de la vente d’armes, on est en droit de se demander lesquelles des décisions prises par nos gouvernements le sont encore pour le bien commun.